En débutant l’année 2006, on est en droit de s’interroger sur ce qui peut bien encore arriver à notre pays, tant celui-ci a été traversé d’événements majeurs au cours des derniers mois. Le rejet de la Constitution européenne, les émeutes dans les cités, les grèves à répétition, les restructurations massives de nombre de secteurs d’activité, l’appauvrissement du dialogue social ont suscité l’incrédulité, l’inquiétude et la colère des citoyens et des salariés soumis ainsi à rude épreuve.
Plus encore, ce sont toutes les interrogations soulevées durant cette période qui génèrent aujourd’hui les plus grandes incertitudes. La fracture sociale persiste, le taux de chômage demeure élevé, les inégalités se creusent sans que nous ayons le sentiment que les actes posés par les uns ou les autres ne conduisent à des améliorations sensibles de la situation, notamment des plus démunis. Le regard porté sans complaisance sur le modèle français d’intégration, de scolarité, de traitement social de la précarité incite donc à la réflexion sur son évolution, sous peine de nouvelles déconvenues.
Mais les politiques de tout bord s’enferment progressivement dans leur logique d’appareil en vue des élections présidentielles, les autres organisations syndicales n’y sont pas toutes prêtes, et le Medef ne cherche à obtenir que plus d’exonérations de ses responsabilités. Comment dès lors espérer de quelconques changements, éviter le repli sur soi et se prémunir de l’inévitable montée du populisme qui agitera sans conteste les esprits les plus fragiles ?
Les partis politiques auront à dessiner un projet et choisir un candidat pour la prochaine présidentielle de 2007. Les différents congrès syndicaux auront à affirmer le type de syndicalisme à développer. 2006 sera donc le terrain d’interrogations multiples et d’un foisonnement d’idées. C’est à ces questionnements que nous devrons collectivement répondre afin d’amorcer des pistes de solutions pour replacer le pays dans une dynamique positive de retour au plein emploi et de croissance économique nécessaire au développement d’une meilleure cohésion sociale.
C’est dans cette perspective que la CFDT revendique depuis de nombreux mois la définition d’un nouveau pacte social, afin de préparer l’avenir et engager véritablement la transformation sociale à laquelle nous aspirons tous. C’est aussi par un dialogue social renforcé que nous construirons de nouvelles régulations sociales dans les branches professionnelles, mais aussi sur les territoires et dans les régions les plus touchées par le chômage. C’est enfin en repensant notre avenir dans la construction européenne que nous trouverons probablement plusieurs des réponses qui nous manquent encore aujourd’hui.
